CHAPITRE V

Poirot s’immobilisa un moment sur le palier. La tête de côté. Aucun son ne venait d’en bas. Il s’approcha de la fenêtre et jeta un coup d’œil au dehors. Mrs Restarick se tenait sur la terrasse, en contrebas, absorbée à nouveau par son jardinage. Satisfait, le détective hocha la tête et traversa le corridor à pas feutrés. Il ouvrit une à une les portes pour inspecter les pièces qu’elles protégeaient. Une salle de bains, une armoire à linge murale, une chambre d’amis où trônait un grand lit, une autre chambre, de toute évidence occupée par une femme et, reliée à la pièce suivante par une porte de communication. Les appartements de Mr et Mrs Restarick, sans aucun doute.

Poirot s’intéressa à l’autre côté du corridor. Une chambre avec un lit d’une personne, suivie d’une pièce identique qui l’incita à penser que son occupant n’y séjournait pas tous les jours. Des brosses et des objets de toilette s’alignaient sur la coiffeuse. Poirot tendit l’oreille puis se glissa dans la pièce. Il ouvrit l’armoire qui contenait des vêtements féminins rustiques. Le bureau, placé devant la fenêtre, offrait une surface vide. Doucement, il en fit jouer les tiroirs dans lesquels il ne trouva que des papiers sans importance.

Poirot descendit au rez-de-chaussée et alla saluer son hôtesse. Il refusa son invitation à prendre une tasse de thé, prétextant que ses amis l’attendaient et qu’il lui fallait, très vite, attraper le train pour Londres.

— Voulez-vous un taxi ? Je pourrais aisément vous en appeler un, ou même vous conduire moi-même chez vos amis ?

— Non, Madame, c’est trop aimable à vous.

Poirot retourna au village où il emprunta la petite ruelle qui longeait l’église, traversa un pont étroit enjambant un ruisseau et bientôt découvrit, dissimulée par un hêtre énorme, une grosse voiture au volant de laquelle le chauffeur attendait L’homme se leva pour ouvrir la portière à son maître.

Poirot se laissa tomber sur son siège et retira ses chaussures vernies avec un soupir de soulagement.

— À présent, nous rentrons à Londres, annonça-t-il.

Le véhicule démarra doucement.

La vue d’un jeune homme faisant de l’auto-stop sur le bord de la chaussée n’avait rien d’extraordinaire. Les yeux du détective se posèrent un instant avec indifférence sur cet adepte de la Fraternité, vêtu de façon voyante et coiffé d’une longue chevelure bouclée. Il ressemblait à tant d’autres… Poirot se redressa brusquement, au moment où sa voiture dépassait le garçon et il cria au chauffeur :

— Arrêtez-vous, je vous prie et reculez un peu… Quelqu’un demande à se faire transporter.

Le chauffeur tourna un regard incrédule vers Poirot qui hochait doucement la tête. Le serviteur obéit sans comprendre.

Le jeune David s’approcha de la portière.

— Je n’imaginais pas que vous vous arrêteriez pour moi, lança-t-il d’un ton enjoué. Je vous en suis bien reconnaissant.

Il prit place à l’intérieur, posa un petit bagage à ses pieds et promena ses doigts dans sa chevelure.

— Ainsi, vous m’avez reconnu ?

— La manière assez singulière dont vous êtes vêtu rend la chose facile.

— Singulière ? Vous croyez ? Je ne le pense pas. Je suis seulement le membre d’un groupe de gens qui se veulent frères.

— Et vous avez pris l’école de Van Dyck pour modèle ? Très raffiné.

— Je n’y avais jamais pensé sous cet angle. Mais, vous avez peut-être raison.

— Vous devriez porter un chapeau de gentilhomme, et un col de dentelle, si vous me permettez de donner mon avis.

— Je ne crois pas que nous irons si loin dans ce domaine… – Il rit. – Mrs Restarick me déteste franchement. Il faut dire que je le lui rends bien. Je n’aime pas beaucoup Restarick non plus. Il y a quelque chose de singulièrement déplaisant dans un homme d’affaires qui a réussi, vous ne trouvez pas ?

— C’est une question de point de vue. Vous avez fait la cour à la jeune fille ?

— C’est là une bien jolie phrase. Mais je suppose qu’on peut interpréter la situation ainsi, bien que de son côté la demoiselle me fasse aussi la cour. Je ne suis pas le seul coupable, vous savez.

— Où se trouve-t-elle, en ce moment ?

David tourna vivement la tête.

— Pourquoi me demandez-vous cela ?

— J’aimerais faire sa connaissance.

— Je ne pense pas qu’elle soit votre genre, le mien non plus, d’ailleurs. Norma est à Londres.

— Mais vous avez dit à sa belle-mère…

— On ne confie pas tout aux belles-mères.

— Où travaille-t-elle dans Londres ?

— Chez un décorateur d’appartements dont j’ai oublié le nom, Susan Phelps, je crois, à King’s Road, dans Chelsea.

— Je présume que ce n’est pas là qu’elle habite. Vous connaissez son adresse ?

— Oui, un grand bâtiment… Mais je ne saisis pas très bien votre intérêt pour Norma ?

— On s’intéresse à tant de choses.

— Qu’entendez-vous par là ?

— Qu’est-ce qui vous a amené dans cette maison de Crosshedges aujourd’hui, et amené clandestinement ?

— J’admets que je suis entré par la porte de derrière.

— Que cherchiez-vous à l’étage ?

— C’est mon affaire. Je ne voudrais pas me montrer grossier mais… n’êtes-vous pas un peu indiscret ?

— Je voudrais simplement connaître l’endroit où se cache cette jeune personne.

— Je vois ! le cher Andrew et la chère Mary… que le diable les emporte !… vous emploient pour essayer de la retrouver, n’est-ce pas ?

— Jusqu’à présent, je ne pense pas qu’ils soient au courant de sa disparition.

— Vous devez bien travailler pour quelqu’un, cependant ?

— Remarque très perspicace, mon ami.

— Je me demande ce que vous manigancez ? C’est pour cela que je vous ai fait signe sur la route. J’espérais que vous me prendriez avec vous et seriez à même de me donner quelques tuyaux. Norma est « ma gosse ». Je suppose que vous le savez déjà ?

— Il semble que c’est ce que tout le monde pense. Dans ce cas, vous n’ignorez pas où elle est, Mr… pardonnez-moi, mais en dehors de votre prénom, je ne pense pas connaître votre nom.

— Baker.

— Peut-être, Monsieur Baker, vous êtes-vous querellé avec Norma ?

— Non. D’où vous vient cette idée ?

— Miss Restarick est partie de Crosshedges dimanche soir ou lundi matin, peut-être ?

— Elle aurait pu prendre, en effet, un autobus lundi, de bonne heure, et arriver à Londres après six heures. De cette façon, elle se présentait à son travail un peu en retard, pas trop. D’habitude, cependant, elle quitte ses parents, le dimanche soir.

— Elle est bien partie de Crosshedges dimanche soir mais n’est pas arrivée à Borodene Mansions.

— Apparemment, non. Du moins, c’est ce qu’affirme Claudia.

— Cette Miss Reece-Holland – c’est bien son nom, n’est-ce pas ? – vous a-t-elle paru surprise ou inquiète ?

— Grand Dieu ! non. Pourquoi le serait-elle ? Ces filles ne passent pas leur temps à s’espionner !

— Mais vous pensiez qu’elle retournerait chez ses amies ?

— Elle n’est pas allée à son travail non plus. Je peux vous confier que ses employeurs en ont par-dessus la tête de Norma !

— Êtes-vous inquiet, Mr Baker ?

— Non, naturellement… Quoique… Ma foi, je veux bien être pendu si je le sais. Il n’y a aucune raison pour que je sois inquiet, seulement le temps passe. Nous sommes déjà… jeudi.

— Elle ne s’est pas disputée avec vous ?

— Nous ne nous disputons jamais.

— Mais vous êtes inquiet à son sujet Mr Baker ?

— En quoi cela vous regarde-t-il à la fin ?

— En rien mais j’ai cru deviner que quelque chose s’était passé chez ses parents. Miss Restarick n’aime pas sa belle-mère.

— Elle a bien raison ! Cette femme est une garce ! Impitoyable !… Si cela peut vous aider… elle n’aime pas Norma non plus.

— Elle a été malade, parait-il et a dû se faire hospitaliser dans un hôpital ?

— De qui parlez-vous… de Norma ?

— Non. Je faisais allusion à Mrs Restarick.

— Elle s’est rendue, en effet, dans une maison de repos. Je ne vois pas pourquoi, d’ailleurs, elle est forte comme un cheval.

— Et miss Restarick déteste sa belle-mère…

— Norma est un peu déséquilibrée par moments… Elle prend les choses au tragique mais je peux vous assurer que les filles détestent toujours leur belle-mère.

— Sans doute mais cette aversion rend-elle toujours la belle-mère malade au point qu’il faille l’emmener à l’hôpital ?

— Où diable voulez-vous en venir ?

— Le jardinage peut-être… l’usage d’herbicides.

— Qu’est-ce que l’herbicide a à faire dans l’histoire ? Suggériez-vous que Norma… ?

— Les gens bavardent et les cancans se répandent vite.

— Insinueriez-vous que quelqu’un a raconté que Norma essayait d’empoisonner sa belle-mère ? Ridicule ! Complètement absurde !

— C’est très improbable, je vous l’accorde. Au vrai, les gens n’ont pas chuchoté cela.

— Excusez-moi, j’avais mal compris alors. Mais… que vouliez-vous donc dire ?

— Jeune homme, vous devez admettre que lorsque des rumeurs de cette sorte circulent elles se rapportent toujours au mari.

— Quoi ? Le pauvre Andrew ? Peu probable, à mon avis.

— C’est aussi mon opinion.

— Mais, que fabriquiez-vous à Crosshedges ? Vous êtes… détective ?

— En effet. Mais, je ne me suis pas rendu là-bas, pour mener une enquête sur une histoire d’empoisonnement. C’est tout ce dont je puis vous assurer. Il s’agit d’une affaire extrêmement confidentielle.

— Qu’entendez-vous par là ?

— Je suis allé rendre visite à Sir Roderick.

— Le vieux gâteux ? Il est complètement hors d’usage, non ?

— C’est un homme qui est en possession d’un grand nombre de secrets. Il a eu une activité très importante au cours de la dernière guerre. Il connaissait beaucoup de monde.

— Tout cela est terminé depuis longtemps !

— Bien sûr ! son rôle est achevé depuis longtemps. Mais ne comprenez-vous pas qu’il y a un tas de choses qu’il est utile de connaître ?

— Quel genre de choses ?

— Les visages, par exemple. Un visage très connu que Sir Roderick pourrait se rappeler. Une attitude, une façon de s’exprimer, de marcher, un tic… Les gens se souviennent de ces détails, surtout les vieilles personnes. Elles oublient ce qui s’est passé récemment mais gardent en mémoire ce dont elles ont été témoins, disons… vingt ans plus tôt. Ainsi, elles ont le souvenir fidèle de quelqu’un qui cherche à faire oublier ce qu’il était à cette époque. Ces gens âgés peuvent ainsi vous renseigner sur un homme ou une femme qu’ils ont connu ou sur une aventure à laquelle ils ont été mêlés… Disons que j’ai rendu visite à Sir Roderick pour qu’il me fournisse certaines informations.

— Vraiment ? Et il vous les a données ?

— Je suis assez satisfait.

David contempla Poirot d’un air incrédule.

— Je me demande à présent… Vous êtes-vous rendu là-bas pour voir le vieux ou pour voir la petite fille qui lui tient compagnie ? Aimeriez-vous savoir quelle place elle occupe dans la maison ? Je me le suis moi-même souvent demandé. Pensez-vous qu’elle s’y soit insinuée pour soutirer elle aussi des renseignements au vieux ?

— Cette jeune personne m’a fait l’effet d’être très dévouée, très attentionnée… comment la nommerais-je… secrétaire ?

— Un mélange d’infirmière, de secrétaire, de demoiselle de compagnie pour oncle solitaire. On pourrait lui trouver un tas de qualificatifs, n’est-ce pas ? Il est fou d’elle. Vous en êtes-vous aperçu ?

— Dans les conditions où vit ce vieillard, cela n’a rien d’extraordinaire, protesta Poirot assez sèchement.

— Je puis vous assurer qu’il y a au moins quelqu’un qui ne l’aime pas et c’est notre Mary.

— Peut-être cette jeune fille ne l’aime-t-elle pas non plus ?

— C’est ce que vous pensez, hein ? Sonia déteste Mary Restarick et a pu découvrir l’endroit où l’on garde l’herbicide ? Bah, toute cette histoire est ridicule ! Bon. Merci de m’avoir pris en charge. Je vais descendre ici.

— Nous sommes encore à plus de sept miles de Londres !

— Aucune importance. Au revoir.

— Au revoir.

Poirot se cala au fond de la voiture alors que David faisait claquer la portière.

 

 

Mrs Oliver, très agitée, marchait le long en large dans son salon. Elle venait d’empaqueter un manuscrit dactylographié dont elle avait juste terminé la correction. Elle s’apprêtait à l’expédier à son éditeur qui l’attendait avec impatience, et lui téléphonait tous les trois ou quatre jours à ce sujet.

— Voilà, lança l’écrivain en s’adressant à l’éditeur invisible. J’espère qu’il vous plaira. Moi, je le trouve très mauvais ! Il est vrai que je ne sais jamais si ce que j’écris aura ou non du succès. En tout cas, je ne vous ai pas caché que je le trouvais abominable. Vous n’en avez rien cru, eh bien ! attendez un peu et vous verrez… Attendez !

Elle ouvrit la porte pour appeler sa bonne, Edith, qu’elle dépêcha à la poste avec le paquet.

— Et maintenant… soupira-t-elle, que vais-je faire de ma personne ?

Elle se remit à arpenter la pièce, tout en soliloquant :

— J’aimerais que les oiseaux exotiques soient encore sur le mur au lieu de ces cerises idiotes. Au moins, j’avais l’impression de vivre dans une forêt tropicale, d’être un lion, un tigre, un léopard ou un guépard. À quoi diantre pourrais-je me comparer dans un verger rempli de cerisiers, sinon à un épouvantail à moineaux ?

Elle tourna à nouveau en rond.

— Piailler comme un oiseau, c’est à quoi je devrais m’occuper – remarqua-t-elle avec amertume – Manger des cerises… Je voudrais bien qu’on en trouve à cette époque de l’année. J’aimerais en manger tout de suite. Je me demande… Elle s’approcha du téléphone.

George répondit à son appel :

— Je vais m’en assurer, Madame.

Bientôt, une autre voix lança :

— Ici, Hercule Poirot, pour vous servir, Madame.

— Où étiez-vous ? Je suppose que vous êtes allé rendre visite aux Restarick ? Avez-vous vu Sir Roderick ? Qu’avez-vous découvert ?

— Rien.

— Quel dommage !

— Non, je ne le pense pas. Il est plutôt étonnant que je n’ai rien découvert.

— Pourquoi ? Je ne comprends pas.

— Parce que cela signifie ou bien qu’il n’y avait rien à découvrir et cela, laissez-moi vous le confier, ne s’accorde pas avec les circonstances ou bien que quelque chose a été très adroitement dissimulé. Au fait, Mrs Restarick ne savait pas que la jeune fille avait disparu.

— Vous voulez dire… qu’elle n’a rien à voir avec sa disparition ?

— Apparemment. J’ai rencontré le jeune homme, là-bas.

— Le jeune homme indésirable, que personne n’aime ?

— C’est cela, le jeune homme indésirable.

— Pensez-vous qu’il le soit ?

— Cela dépend du point de vue où l’on se place.

— Pas de celui de la jeune fille, j’imagine ?

— La jeune fille qui m’a rendu visite un matin, aurait, j’en suis sûr, été attirée par lui.

— Est-il vraiment affreux ?

— Il est très beau, au contraire.

— Beau ? Je ne suis pas sûre d’aimer les beaux jeunes gens.

— Mais les jeunes filles d’aujourd’hui les aiment, elles.

— Vous avez raison. Elles apprécient les extrêmes. Pour elles, les garçons doivent être assez beaux pour pouvoir poser chez un peintre de la Restauration ou bien crasseux comme des clochards.

— Il semblerait que lui aussi ignore où se cache Norma, en ce moment.

— À moins qu’il refuse de le révéler ?

— Il s’est rendu à Crosshedges. Pourquoi ? Il a même pris la peine de s’introduire dans la maison sans se faire remarquer. À nouveau, pourquoi ? Cherchait-il la jeune fille, ou quelque chose d’autre ?

— Vous pensez qu’il cherchait quelque chose ?

— Il a visité la chambre de Norma.

— Comment êtes-vous au courant ? L’y avez-vous surpris ?

— Non. Je l’ai rencontré qui descendait les escaliers ; mais j’ai découvert une trace de boue sur le tapis de la chambre de Norma qui pouvait très bien provenir des bottes du garçon. Il est possible aussi qu’elle l’ait elle-même prié de lui rapporter quelque chose… Les hypothèses sont nombreuses. Il y a une autre jeune fille dans la maison… et elle est jolie. Il aurait pu encore se rendre chez les Restarick pour la rencontrer.

— Qu’allez-vous entreprendre à présent ?

— Rien.

— Ce n’est pas beaucoup !

— J’espère recevoir une petite information de personnes que j’emploie à cet usage ; bien qu’il soit possible que je n’apprenne rien du tout.

— Mais, ne tenterez-vous rien ?

— Pas pour le moment.

— Eh bien, moi, je vais agir !

— Je vous en prie, chère Madame, soyez extrêmement prudente !

— Quelle bêtise ! Que pourrait-il m’arriver ?

— Là où il y a meurtre, n’importe quoi peut arriver. C’est moi, Hercule Poirot, qui vous le dis !

 

La troisième fille
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